vendredi 14 mars 2008

marathon d'écriture 2

17:31

En face, sur le banc, il n'y a rien.
Du moins, rien encore, je suis peut-être arrivée trop tôt. C'est mon erreur à moi. Je peux prendre le temps de m'asseoir. Là-haut, l'oeil unique du lampadaire me nargue. Inutile d'injurier l'insolent, je laisse donc valser mon regard avec les poussières qui flottent dans le delta lumière. Je ne suis pas seule très longtemps; un papillon de nuit corpulent vient ronronner sa laideur au-dessus de mon crâne. C'est dégoûtant, rien de moins. Il se prend sans doute pour un narcotrafiquant puisqu'il laisse tomber un peu de poudre d'ailes "phéromanisée" près de mes narines. J'inspire un grand coup.
Oh... délice... je me transforme... Mes yeux s'écarquillent, je les sens grossir dans leur orbite. Ils deviennent deux grosses billes noires. Mon corps tend vers le mouvement contraire, je me recroqueville, me rétracte, me tord, me dessèche, me craque. Je deviens morphologiquement aussi fragile qu'une vieille feuille morte, certainement pire. Je me découvre de nouveaux membres crochus et secs. Par chance, qui sait, ma peau se déchire dans mon dos pour former des ailes qui se déploient avec magnificience.
Il ne me reste qu'à m'envoler vers l'unique lumière.
En face, sur le banc, il n'y a rien. Pourtant, vous êtes à l'heure. Vous pouvez prendre le temps de vous asseoir. Vous ne resterez pas seul très longtemps.

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